GUERRE EN 1915



La guerre de mouvement s'arrête autour de Novembre 1914. Un large front s'étend de la Suisse à la mer du nord; Les armées s'enterrent et commence la guerre des tranchées. L'explication de ce changement est assez simple, Comme l'ont démontré les pertes terribles de l'année 1914, l'armement de l’époque (et tout particulièrement la mitrailleuse) fait que la défense l'emporte sur l’attaque.
*       Le 5 octobre 1914, les troupes bavaroises prennent pied sans combat sur leplateau de Notre-Dame-de-Lorette et bivouaquent à côté d’une petite chapelle. 
Ils s’y installent solidement et disposent alors d’un observatoire remarquable au nord d’Arras. Les Français parviennent à reprendre la chapelle dans les semaines qui suivent, puis la perdent à nouveau. La guerre revêt alors une intensité sans précédent sur le plateau de Lorette et ses environs. Ainsi commencent les batailles d’Artois qui vont coûter des centaines de milliers de vies, d’octobre 1914 à la fin de l’année 1915. Le 17 décembre 1914, dans le cadre de l’offensive généralisée voulue par le général Joffre, deux corps d’armée français attaquent dans une opération mal préparée qui se solde par un cuisant échec.
L'année 1915 commence, le 19 janvier, par une première dans l'histoire militaire, le bombardement aérien de civils par un dirigeable au Royaume-Uni, ainsi que le 21 mars, quand ce même dirigeable bombarde Paris. Pendant toute la guerre, les dirigeables vont terroriser les citadins français et anglais. En février, les premiers avions armés d’une mitrailleuse, équipent une escadrille de chasse britannique
*       5 février : Blocus des côtes par l’Allemagne. Cette décision marque le début de la guerre sous-marine.
*       15 février – 18 mars : Offensive française en Champagne.
C'est en 1915, année la plus meurtrière de la guerre, que sont tombés près de 400 000 Français. Avec l'Artois, la Champagne a été, à coup sûr, le champ de bataille le plus meurtrier du front.
Résolus à arrêter l'avance française en Champagne, les Allemands ont établis une solide ligne de défense sur les plateaux au Nord des vallées de la Tourbe et de la Suippes;
L'offensive est lancée le 16 Février, sur un front de 8 kilomètres; elle se poursuit jusqu'au 18 Mars.
Les assauts se succèdent, mais les avancées minimes alternent avec les temps d'arrêt dus aux violentes contre-attaques allemandes. Les rigueurs de l’hiver, les successions de gel et de dégel ont transformé le front en un immense bourbier. L’offensive est stoppée avec un bilan terrible: des gains de terrains minimes pour des pertes énormes.
La guerre se prolonge et devient une guerre d’usure qui met à l’épreuve tant les forces morales que matérielles des combattants. Les états-majors veulent « saigner à blanc » les armées adverses. Les Russes lancent une attaque dans les Carpates, mais doivent faire face à une grande offensive des puissances centrales, les Turcs étant également passés à l’attaque au Caucase pour prendre les armées russes à revers. C’est pour cette raison que pour tenter de soulager la pression sur les Russes en attirant le maximum de troupes allemandes vers l'ouest, les Français et les Britanniques ont lancé assaut sur assaut en Artois, puis en Champagne.
*       Le 20 février, Reims est bombardée par les Allemands.
La tentative de percée française est un échec et la bataille de Champagne se termine le 20 mars. Ces offensives de 1915 ont réussi à bousculer quelque peu les dispositifs allemands, mais c'est au prix de pertes alliées effroyables. Le haut-commandement allié doit constater l’insuffisance des moyens d’attaque, particulièrement en artillerie lourde, domaine dans lequel l’Allemagne possède une supériorité incontestable depuis le début de la guerre.
*       19 février : Début de l’opération des Dardanelles.
Au lieu de se heurter au gros des troupes ennemies là où elles étaient bien organisées, installées dans un réseau savant de tranchées, l’état-major des Alliés décide de porter ses coups sur des points de défense plus vulnérables, ceux de l'allié turc de l'Allemagne. Le 25 avril 1915, un corps expéditionnaire allié débarque aux Dardanelles. Le contrôle des détroits aurait permis à la France et au Royaume-Uni de ravitailler la Russie et d’encercler les Empires centraux. Les Alliés ne parviennent pas à pénétrer par surprise dans l’Empire ottoman et échouent dans leurs offensives successives. L’entreprise coûte 145000 hommes aux Alliés et elle est un échec total. Les rescapés sont débarqués à  Salonique, au mépris de la neutralité grecque pour aider les Serbes menacés par les puissances centrales. Le corps expéditionnaire constitue l’Armée française d'Orient. Cette armée soutient ensuite les Serbes et participe à l’effondrement de l’empire austro-hongrois en 1918.
L’envoi de divisions Alliées dans le détroit turque avait amené le général Falkenhayn à revoir la menace que présentait le front occidental au profit du front est. L’armée russe échappe au massacre complet mais perd malgré tout la Galicie, la Pologne, la Lituanie, et un nombre important de soldats (environ 150 000 tués et près de 1 600 000 prisonniers et blessés).
Sur le front ouest, l’offensive Alliés de Champagne, destinée à percer le front allemand, sert désormais également à compenser la défaite russe.
*       22 avril : Première utilisation des gaz asphyxiants par les Allemands à Ypres (Belgique) contre les troupes françaises et britanniques.
Près de 6 000 bouteilles de gaz sont utilisées. Bien que l’emploi des gaz était interdit par la Convention de La Haye de juillet 1899, l’État-major allemand jugeait que l’utilisation de toute arme pouvant écourter le conflit était utilisable. Mais jamais les Allemands ni les Alliés, qui l’essaient à leur tour, ne procèdent à une utilisation systématique. Contrôlant mal le mouvement des vents, les uns et les autres craignent que les nappes ne se retournent. Or, les soldats alliés ne sont pas équipés pour occuper les zones infectées. Aussi, l’emploi des gaz ne permettra jamais de remporter plus qu’un succès local.
*       7 mai : Torpillage du paquebot britannique Lusitania au large de la pointe Sud de l’Irlande par le sous-marin allemand U-20.
Ce naufrage influencera grandement l’évolution vers l’entrée en guerre de l’opinion publique des États-Unis, neutre jusqu’à présent.
*       15 mai : Début de la deuxième offensive Alliée en Artois, dans le but de briser le front allemand.
*       23 mai : Entrée en guerre de l’Italie aux cotés des Alliés
Après dix mois de neutralité, l’Italie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.
*       23 juin : Début des batailles de l’Isonzo, opposant l’Italie à l’Autriche-Hongrie.
Le nom de batailles de l’Isonzo regroupe une douzaine d’affrontements qui se déroulèrent dans la vallée près de la rivière Isonzo, au nord-est de l’Italie. Quatre de ces batailles ont eu lieu durant l’année 1915.
*       4 août : La capitale de la Pologne, Varsovie, est occupée par les Allemands suite à la défaite de l’armée russe à la bataille de Varsovie.
*       5 septembre : (24 août, ancien calendrier) Nicolas II prend le commandement de l’Armée russe, qui était jusque-là commandée par son oncle Nicolas Nikolaïevitch.
*       20 septembre en Artois et le 22 en Champagne, forte préparation d’artillerie annonçant l’offensive générale
*       25 Septembre – 6 octobre : Seconde offensive française en Champagne. .
Les résultats de la première journée sont brillants: presque toute la première ligne est prise.
Le 26, l’attaque prend contact avec la seconde ligne allemande; celle-ci se révèle d’une puissance insoupçonnée et tous les efforts répétés les 27 et 28 septembre par les assaillants sont impuissants à l’entamer. Une nouvelle préparation d’artillerie s’avère nécessaire et début Octobre il faut se rendre à l’évidence: l’attaque est un échec. Le 1er novembre, devant l’épuisement des troupes, l’importance des pertes (138 000 hommes), et la consommation des munitions excédent toute prévision, l’ensemble des opérations est arrêtée
*       25 septembre – 11 octobre : Troisième offensive franco-britannique en Artois.
Après un bombardement au gaz les anglais prennent les premières lignes allemandes et menacent Lens; les français retardés par le brouillard, attaquent plus tard et progressent sur 6km. Les résultats semblent prometteurs, mais très vite, Joffre fait savoir que la situation en Champagne ne permet pas d' alimenter la bataille en Artois, et après les prélèvements de troupes et de munitions pour le front désormais prioritaire de Champagne, l' offensive en Artois se transforme en diversion.
*       5-8 septembre : Conférence de Zimmerwald (Suisse) regroupant des personnalités socialistes, Des idées internationalistes et pacifiques y sont développées.
*       5 octobre : La Bulgarie entre en guerre aux cotés des Puissances centrales.
Le même jour, a lieu le débarquement de troupes Alliées à Salonique (Macédoine). Cette expédition a pour principaux buts de soutenir l’armée serbe, reconstituer l’armée, arrêter les mouvements des troupes des Empires Centraux et percer le front à l’est pour soulager l’ouest.
*       6 octobre : Début de l’offensive germano-austro-bulgare contre la Serbie.
*       5 novembre : Clémenceau est élu président de la commission des affaires étrangères du Sénat.
*       6-8 décembre : À Chantilly, au Quartier Général de Joffre depuis novembre 1914, se tient une conférence militaire interalliée,  
*       19 décembre : le Field Marshall britannique French est remplacé par Haig qui devient donc commandant en chef des forces britanniques en France.

Bilan de l’année 1915
Les Français et Anglais ont échoués dans leur tentative d’offensive décisive et ont saigné à blanc leurs troupes mais ont aidé de manière décisive leurs alliés Russes; Les Allemands ont gagné d’importants territoires sur le front de l'Est et ont en outre brillamment tenus leurs positions sur le front de l’Ouest. Mais cette défense acharnée a nécessité le déplacement de 10 divisions vers l’Ouest qui ont fait cruellement défaut pour exploiter les victoires contre les armées du Tsar: Le haut commandement Allemand doit définitivement renoncer à une victoire rapide à l’Est, et devra s’accommoder d’une lutte sur deux fronts.
En 1915, l’infanterie Française, énormément sollicitée, est saignée à blanc les pertes sont énormes, pour un résultats bien maigres (mais à tout bien réfléchir, quel année n'a pas été marquée par un nombre effroyable de morts ?); si les massacres du début de la guerre avait eu pour cause principale une conception quasi Napoléonienne de l' attaque à outrance, en 1915, c'est plutôt dans une volonté obsessionnelle d'effectuer une percée décisive devant mener directement à la victoire finale.
En cette année 15, La guerre bascule dans "la modernité" et le XXème siècle: La guerre de tranchée qui s'installe donne une place de plus en plus prépondérante au matériel, l'artillerie devient primordiale, armes chimiques, mines, aviation se développent. La guerre ce "perfectionne".
Organisation des armées en 1915:
L’organisation en armées, corps d'armée, Divisions, brigades, régiments, bataillons, compagnies, sections et escouades est relativement similaire dans les deux camps. La dotation et la répartition en matériel et en armes sont pratiquement identiques. Toutefois, la France a privilégié l’offensive et possède une artillerie plus légère fondée, notamment, sur le canon de 75 mm modèle 1897 afin de favoriser les mouvements. L’Allemagne possède une artillerie plus lourde et à plus longue portée, favorisée notamment par ses capacités de production et capable de mener des combats plus défensifs. Ces choix ont une importance non négligeable au début de la guerre et la différence n’est comblée qu’au début de 1916.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire