C’est lors de la première Guerre
mondiale que les armements modernes ont considérablement augmenté la distance
d’engagement des belligérants. Il ne faudrait pas croire, cependant, que l’idée
de se « rapprocher » de l’ennemi fut abandonnée, on note ainsi que la première
Guerre mondiale a été paradoxalement une étape décisive dans la volonté de
réduire la distance d’attaque entre les ennemis… Les campagnes d’attaques de
masse s’étant montrées incapables de briser le front même au prix de centaines
de milliers de morts comme à Verdun, sur la Somme ou au Chemin des Dames, c’est
à cette époque qu’on tenta de contourner cette impasse en créant les premières
unités d’élite de la guerre moderne. La tactique de ces unités d’élite
obéissait à une règle fondamentale : s’approcher le plus près possible de
l’ennemi sans se faire remarquer. La nuit devint donc le principal champ
d’action de ces unités. L’équipement dut s’éloigner de l’uniforme réglementaire,
et s’adapter à cette nouvelle forme de guerre furtive. Le poignard devint un
élément essentiel de l’armement avec les grenades, le pistolet automatique et
le revolver. En France, les corps francs s’illustrèrent dans des combats
terrifiants en s’emparant de positions qui tenaient en respect des armées
entières. La tactique était bien rôdée, intrusion furtive vers les lignes
ennemies préalablement repérées, la progression se faisant sous le couvert d’un
tir d’artillerie. Le groupe de quelques dizaines d’hommes pouvait attendre des
heures caché dans le no man's land, s’avançant centimètre par centimètre vers
l’objectif, attendant l’aube afin de lancer une attaque fulgurante sur l’ennemi
en saturant l’objectif de grenades pour désorienter l’adversaire et réduire les
nids de mitrailleuses. L’assaut final se faisait au poignard et au pistolet en
« bousculant » l’ennemi paniqué. Chaque soldat transportait un énorme sac
rempli de dizaines de projectiles afin
de « nettoyer » les tranchées.
Malgré leurs remarquables états de service, les États-majors voyaient d’un mauvais œil ces unités aux méthodes peu orthodoxes. En France les corps francs furent dissous en 1918.
Malgré leurs remarquables états de service, les États-majors voyaient d’un mauvais œil ces unités aux méthodes peu orthodoxes. En France les corps francs furent dissous en 1918.
Dès octobre 1939, des corps francs sont
reconstitués par l'armée française et mènent une guerre d'embuscade à l'avant de
la ligne Maginot ligne durant la drôle
de guerre. Hélas la guerre fut provisoirement perdue et plusieurs de ces
soldats gagnèrent l’Angleterre pour continuer le combat.
An Angleterre, dès 1940, le premier
ministre anglais
décide la création d'une force d'assaut de 20 000 hommes. L'État-major
britannique fait rapidement le constat qu'il lui manque de petites unités
légères et mobiles, capables de mener des actions de renseignement ou de
destruction derrière les lignes ennemies sur les côtes de l'Europe occupées, du
rivage atlantique français jusqu'au nord arctique de la Norvège. C'est la
création des unités «commandos». Le nom est repris du nom d'unités légères
sud-africaines pendant la seconde guerre mondiale. Au printemps, le général de
Gaulle demande à lord Mountbatten, chargé des
opérations spéciales la création d'un commando français de 400 hommes. Les
Britanniques sont intéressés par l'apport d'hommes susceptibles d'agir en
France, donc connaissant le pays et la langue de leurs habitants. L'enseigne de
vaisseau Philippe Kieffer est désigné pour en prendre le commandement. La
formation a lieu avec les commandos britanniques, les bérets verts, au château
d'Achnacarry en Écosse. Le cadre est austère et sauvage et la formation
particulièrement rude. La formation a pour vocation à ne garder que les plus
aptes à constituer un corps d’élite. Philippe Kieffer et ses hommes seront les
premiers étrangers à être formés dans ce centre d'entraînement. Le bataillon
français est rattaché au No4 commando britannique appartenant à la 1ere
special service brigade aux ordres de
Lord Lovat. Cette rigueur de l'entraînement tient au fait de la difficulté et
la dangerosité des missions qui leur sont confiées derrière les lignes
ennemies. Ainsi le 18 octobre 1942, Hitler ordonne d'abattre tous les commandos
faits prisonniers. Apres leur formation, les commandos français, sont
sollicités pour participer à des raids de sondage sur les côtes françaises et
hollandaises notamment. Il y a déjà des premières pertes. En 1943 le 1er bataillon
fusiliers marins commando (1er BFMC) est constitué de trois Troops
la N°1, la N°8 et la Troop d'appui (K-Guns).
Dans les jours qui précèdent le débarquement du 6 juin
1944, les commandos prennent connaissance de leur mission, leur débarquement se
fera sur « Queen Red » les
photos des objectifs sont distribuées sans précision du lieu. Mais comme
certains des commandos français sont originaires de Normandie, ils
reconnaissent les sites prévus, ce qui suscite l'inquiétude de l'État-major
anglais, qui décide alors de les cantonner dans leur camp avec interdiction de
sortie jusqu'au débarquement. Les 177 hommes ont été répartis en deux
« troops » et une section de mitrailleuses « K Gun ». Ils
vont débarquer de la barge vers 7h55, sur la plage sword à Colville-Montgomery à
l'est du dispositif allié. Sur ce secteur, ils sont les premiers à débarquer,
les barges avec les commandos britanniques les ayant laissé passer en tête
comme prévu par le commandement britannique. Après cette première étape une
trentaine d’entre eux manque déjà à l’appel. Leur objectif est La Brêche, à
500 mètres à l'ouest de Riva Bella et un poste d'observation
d'artillerie surplombant la plage "le grand bunker". Ce poste de
surveillance devient un lieu stratégique et sa prise permet d'assurer le point
de débarquement sur la plage de Sword beach. Les commandos doivent également
neutraliser les batteries et points forts des Allemands. Puis ils pénètrent
alors dans les rues de riva Bella ou ils prennent le casino. Des tireurs
d'élite allemands leur causent de nombreuses pertes. Après avoir nettoyé Riva
Bella, les commandos se dirigent vers le deuxième objectif de la journée et
s’enfoncent dans les terres pour faire jonction à Pegasus Bridge (Bénouville) avec
les troupes aéroportées britanniques de la 6e DAP. Ils y arrivent
vers 16 h 30. Ils occupent alors les lisières du Plain vers 20 h 00. Avec les
différents commandos composant la première brigade et les hommes de la sixième
airborne, le premier BFMC doit tenir sa position afin de protéger les flancs de
la zone de débarquement et empêcher une contre-offensive allemande. Au soir du
6 Juin, le 1er BFMC aura perdu presque 25 % de ses effectifs.
Sur les 177 hommes débarqués le 6 Juin, seuls 24 terminent le débarquement sans
avoir été blessés. Les commandos français vont combattre jusqu’au 27 aout 1944 puis le bataillon est renvoyé en Grande-Bretagne en
repos et pour être complété. En novembre 1944 le 1er BFMC est
débarqué sur l’île de Walcheren en Hollande, et prend Flessingue dans le cadre
d’une opération combinée des commandos britanniques. En décembre 1944, le
premier BFMC, compte alors 210 commandos répartis en trois troops. Il participe
à des raids offensifs sur l'île de Schouwen dans le but de recueillir des
renseignements sur les positions allemandes et de harceler l’ennemis. Ces raids
seront les dernières actions du premier BFMC au cours de la seconde guerre
mondiale.
LES COMMANDOS DEPUIS 1945 JUSQU’À MAINTENANT
Avec l’expérience de la guerre 1939-1945, notre
défense nationale à intégré le fait que des petits groupes très entrainés seraient
nécessaires dans l’éventualité de nouveaux conflits pour des actions
ponctuelles contre un adversaire quel qu’il soit (force militaires d’un état
constitué, guérilla, groupe terroriste etc.) et que l’intégration de ces
groupements au sein d’unités classiques s’imposait.
-L’armée de terre, notamment les régiments parachutistes, ont créés leurs
Groupement des commandos, unités
d'élite opérationnelle qui forment au sein des différents régiments une section
d'élite de chuteurs operationnels et de moniteurs commandos, rattachés le plus
généralement à leur compagnie d'éclairage et d'appui ou à leur compagnie de commandement et de logistique. En
cas de conflit, ces hommes seraient parachutés très en avant des forces
adverses.
-L’armée de l’air a créé son unité de commandos ; c’est une unité d'intervention principalement
mise au service du Commandement des opérations spéciales. Il détient des
capacités importantes dans les domaines du renseignement et des opérations de
type commando. Ses missions ont pour principal objectif de faciliter
l'engagement des moyens aériens dans la profondeur. Il est spécialisé dans la
désignation d'objectifs et le guidage laser des munitions ainsi que dans la
reconnaissance, la saisie et la remise en œuvre de zones aéroportuaires.
-La gendarmerie possède également ses unités
spéciales d’intervention (GIGN etc..) qui ont une formation ‘’commando’’
-La marine
nationale,
possédait déjà ses unités de fusiliers marins commandos et a poursuivi les
sélections et l’entrainement de ses unités qui précédemment avaient été formées
en Angleterre, pour les missions qui classiquement lui sont dévolues.
Ils s’agit d'effectuer les opérations spéciales de la
Marine (assaut à la mer, appui et destruction à distance, reconnaissances
tactiques préalables aux opérations militaires
, protection ou évacuation de ressortissants, actions de destruction ou de
sabotage action sous-marine) ainsi que certaines missions en appui des forces
aéromaritimes (opérations amphibies, guidage et appui feu, renfort des équipes
de visite, contrôle d’embargo) et d’action de l’État en mer (opérations de
police en mer : pêches, immigration clandestine, lutte contre le
terrorisme maritime, la piraterie et contre les trafics illicites. Leurs domaines d'action les amènent à opérer sous
l'eau, sur la mer, dans les airs et à terre et à maîtriser les matériels les
plus modernes comme des systèmes de communication par satellite ou des
embarcations très rapides allant jusqu'à 40 nœuds.
Chaque
commando comprend environ 80 à 100 combattants répartis en 4
escouades d'une vingtaine d'hommes. Chaque escouade est divisée en 2
groupes de combat. A tour de rôle, chaque escouade est d'alerte à 48h00 voire
6h00. Le plan nouveau plan commando a néanmoins réorganisé les escouades,
centrées sur des groupes de 10 hommes (commandé par un gradé titulaire du
brevet supérieur) comme base de structure opérationnelle, ce qui permet une
plus grande souplesse dans la gestion des forces. Chaque commando possède une
dominante particulière à savoir l'assaut à la mer, l'extraction de personnes en
zones côtières, la prise et la tenue d’une plage avant l’arrivée du gros des
forces de débarquement pour les commandos Jaubert et Trepel , la reconnaissance de plages, de
sites et d'installations maritimes opérée par hélicoptère ou parachutage pour de Penfentenyo, et enfin la neutralisation à
distance et les appuis spéciaux pour le commando de Montfort, pouvant assurer
aux commandos d’assaut un appui feu lourd.
L'Element
de Commandement et de Transmission (ECT) est composé généralement du
commandant, commandant en second, officiers-mariniers spécialistes du
renseignement, un radio VF et un transmetteur (valise C), 2 opérateurs son
(OPSON), 3 pilotes d'ETRACO type Hurricane, 10 commandos. La sélection des commandos marine est
particulièrement rigoureuse.
Après une
sélection interne par leurs commandants de compagnies de l'École des fusiliers
marins, (après 6 mois de cours théoriques et pratiques pour l’obtention du
brevet de fusiliers marins) autrefois à Siroco, Cap Matifou (Algérie),
maintenant à Lorient (France),
les premiers du cours fusilier, s'ils sont aptes et volontaires, intègrent le
stage commando long de 20 semaines. Celui-ci comprend une semaine de tests
psychologiques, 6 semaines de stage préparatoire, 4 semaines d'évaluation
commando, le stage commando de 7 semaines, et 2 semaines de stage parachutiste
à Pau (autrefois Philippeville, Algérie).
À l'issue de ce stage, en moyenne 5 à 10 % des stagiaires reçoivent le
certificat de Commando Marine et son béret vert.
Cependant, à aucun moment le certificat n'est
garanti et toute faute peut aboutir à la radiation du stage. Le stage commando se déroule à Lorient maintenant ,
en Bretagne, au sein de
l'école des fusiliers marins, héritière
du 1er bataillon de fusiliers marins, et l'une des unités les plus
décorées de l'armée française. Les épreuves préparent les fusiliers à leurs futures
missions possibles au sein de l'un des six commandos de la marine. Cependant,
le stage commando n'est que le début de la formation du commando marine, qui
doit également passer trois semaines de stages divers complémentaires plus
d'autres certificats techniques de commandos au cours de la formation interne,
ainsi qu'une période de 4 mois en opérationnel ou maintenant à Djibouti avant
d'être déclaré apte à rejoindre un des commandos de la Marine de Lorient. Cette
formation de base est l'une des plus difficiles au monde, comparable à celle
des SAS et SBS britanniques ainsi que celle des Spetsnaz Russes ou
encore des Navy Seal américains.
Les
commandos voulant postuler au commando d'action sous-marine ( nageurs de
combat) Hubert de Toulon doivent, après une période d'ancienneté (5 ans) dans
les unités commandos de Lorient, passer le certificat de nageur de combat à Saint-Mandrier, sur un tempo comparable à celui du cours Commando élémentaire, en plus
difficile et plus long (deux semaines de pré-sélection, sept mois de Cours Nageur).
Chaque commando devra, à chaque nouvel examen de
carrière, remettre son béret vert en jeu et repasser un stage commando
équivalent, avec un niveau de responsabilité accru (stage commando chef
d'équipe, stage commando chef d'escouade, stage commando chef de mission).
Ainsi, certains officiers mariniers supérieurs (premier maître, maître
Principal, major) peuvent avoir cumulé jusqu'à quatre stages commando. Ce type
de formation est unique au monde, même dans les forces spéciales.
Les commandos marine ont été présent dans tous les
conflits depuis 1945 : Indochine, Algérie, Afrique, moyen orient, Afghanistan,
Mali et maintenant Centrafrique, ils luttent efficacement contre la piraterie
en mer rouge, supportent les chalutiers dans l’océan Indien, luttent contre les
trafics maritimes de drogue en atlantique etc.)
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